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LES PIEDS FOURCHUS

— Réussiront-ils ?

— Avec cette croûte glacée qui couvre la neige, ils ont beaucoup de chances pour eux, car elle les porte sans se briser, tandis que le moose y plonge jusqu’au cou ; c’est là sa perte.

— Pauvre garçon !

— Ah ! un coup de fusil !… un autre encore… et un autre ! j’ai vu la flamme ; ils sont proches.

Les glapissements des roquets, la voix grondante du dogue, les hurlements des loups se confondirent dans une diabolique harmonie qui s’éteignit peu à peu dans le lointain.

— Oui ! continua Burleigh, ils l’auront, le noble animal, plus d’espoir pour lui… Mais voyez donc, qu’y a-t-il de nouveau dans l’air ?

On apercevait le vieux chasseur épaulant son fusil, comme s’il allait faire feu ; un instant après il l’abaissa, traversa la colline en courant aussi vite qu’un moose, et disparut. Les deux jeunes gens s’élancèrent sans pouvoir le rejoindre ; ils ne purent même l’apercevoir.

— Ça ne s’est jamais vu, murmura Burleigh essoufflé ; cet homme là est prodigieux, rien ne le fatigue ; il arrivera à faire chasse tout seul, nous n’arrivons pas à la hauteur de sa