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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

yeux, (les uns le jour, les autres la nuit), l’esprit de M. Butler y faisant apparition.

— C’est bien cela, sir ; telles ont été les déclarations.

— Moi j’ai regardé tout ça comme des contes, et je n’en ai pas cru un mot : on m’offrait la ferme pour le quart de sa valeur, j’étais décidé à l’acheter, et je l’ai acquise, hantée ou non hantée, sans m’inquiéter davantage. Je ne pouvais penser, sans rire, à habiter la maison des esprits, et je n’avais pas donné une seule pensée à toutes ces histoires jusqu’au mois dernier, époque où un étrange tumulte s’est fait entendre dans la maison. J’étais resté seul, à cause de mes rhumatismes, pendant que toute la famille était allée au meeting… Mais vous avez frissonné, il me semble, Iry ?

— Je ne pense pas, sir : continuez.

— … J’étais dans mon lit, fort bien éveillé, tout-à-coup j’entendis comme une conversation près de moi… Vous comprenez, j’ai tiré avantage de ces mystères-là pour acheter le domaine à vil prix ; j’ai acheté au préjudice de la veuve et des orphelins… et maintenant je vais être jugé !

— Je ne vois pas cela, sir.