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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

bientôt Luther reparut courbé sous un énorme faix de broussailles.

Le feu ne tarda pas à s’allumer, brillant, pétillant, réjouissant ; le foyer avait été artistement bâti avec des pierres longues et étroites. Le Brigadier, les cheveux au vent, les manches retroussées, s’en donnait à cœur joie à sa besogne ; tout-à-coup il s’arrêta pour écouter, puis, regardant le fusil de Luther appuyé contre un arbre, il lui demanda d’un ton inquiet s’il était chargé.

— Oui, Père.

— Et amorcé ?

— Vous pouvez voir, Père.

— Vous pouvez voir. Père !! tête de bois !!! il y va de votre vie, et vous ne pouvez voir çà vous-même !!! venez ici, et couchez-vous à plat ventre sur la neige.

Parlant ainsi, le Brigadier prit le fusil, ouvrit le bassinet, secoua l’amorce et la remplaça avec le plus grand soin, boucla à sa ceinture sa poudrière et son sac à balles ; puis s’agenouilla derrière un tas de neige, guettant l’approche de quelqu’un ou de quelque chose.

Mais rien n’apparut. Après une attente de quelques minutes, le Brigadier déposa le fusil,