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LES PIEDS FOURCHUS

leigh et Édouard avaient disparu, sans que depuis lors on eût reçu de leurs nouvelles, le bon Brigadier fut agité de soupçons pénibles contre son jeune ami, le maître d’école.

Ce fut bien pis encore lorsque des rumeurs dignes de foi vinrent apprendre que Burleigh avait été vu courant en toute hâte vers le désert sur son cheval noir, et que sur un rayon de plus de cent milles on ne l’avait plus revu. Plus tard il fut rapporté que le jeune homme avait laissé chez un voisin son fusil à deux coups, et l’avait échangé contre une carabine. Enfin il fut constaté que le maître d’école, mettant de côté toutes ses chaussures civilisées, était parti chaussé de moccassins indiens, Luther lui-même l’avait remarqué pendant la chasse.

Le pauvre Oncle Jerry fut altéré : les soupçons semblaient se changer en horribles certitudes. Comme magistrat il devait ouvrir une information juridique, et provoquer des poursuites contre le meurtrier, alors même qu’il serait hors de sa juridiction.

Une pensée le consolait un peu : Burleigh ne pouvait être un assassin ! il avait probablement agi en cas de légitime défense, et n’avait tué son