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LES PIEDS FOURCHUS

Longtemps après que le triste convoi se fut perdu dans la poussière lointaine, les passants saluèrent affectueusement le Brigadier debout, tête nue, immobile et consterné, ne voyant autre chose que l’horizon sombre au fond duquel avait disparu le fils de son vieil ami. Jerutha pâle et froide à côté du patriarche pleurait silencieusement, le front dans la main de son père.

Un incident remarquable fit ressortir la loyauté de Burleigh. Lorsqu’il eut passé une nuit dans sa prison nouvelle, le geôlier vint le visiter :

— Mon ami, lui dit le jeune prisonnier, si j’avais voulu m’échapper, la chose eut été facile : venez voir.

Alors il le conduisit sous la cheminée, et lui montra le bleu du ciel qui se voyait parfaitement au travers d’un conduit spacieux et commode à escalader. Les grilles jadis établies pour prévenir des évasions, s’étaient descellées et pendaient le long de la muraille, offrant plutôt un point d’appui qu’un obstacle.

Le geôlier étonné s’empressa de le transférer dans une autre pièce : mais il se souvint long-