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LES PIEDS FOURCHUS

il s’est fait un tumulte dans la laiterie. Aussitôt il a sauté hors de son lit pour voir ce que c’était ; mais, quand il est arrivé, les vaches, les veaux avaient disparu, il n’était resté que les petits porcs, la vieille truie, les bœufs, Black-Prince et la jument grise.

— Et qu’a-t-il fait pour savoir la cause de toute cette frayeur ; a-t-il découvert des traces ?

— Impossible de rien voir, une neige fine et serrée couvrait tout en tombant, d’ailleurs les bestiaux en se débattant avaient piétiné partout : il n’y a eu moyen de rien découvrir.

L’Oncle Jerry devint soucieux et pensif : d’un mouvement brusque et qui semblait involontaire, il renversa l’échiquier en bouleversant les pions avec une brusquerie qu’il n’avait jamais manifestée vis-à-vis d’un hôte étranger.

Tout le monde le regarda avec surprise ; il resta un instant immobile et rêveur ; ensuite, il tirailla sa chaîne de montre, reboucla ses jarretières et se coiffa du surprenant bonnet de velours, qui d’habitude couvrait sa longue et soyeuse chevelure blanche.

Au bout d’un instant il redressa sa haute taille et jeta les yeux sur un lourd fusil de la fabrique