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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

— Je n’ai plus rien à vous dire, monsieur Burleigh. Bonjour, sir.

— Dieu ait pitié de moi, Lucy ! Je ne puis vous quitter ainsi : je tremble pour l’avenir… et plutôt sur vous que sur moi.

— Vous êtes trop bon, sir.

— Et vous n’avez pas d’autre explication à me donner ?

— Non, sir.

— Et nous voilà séparés,… nous nous quittons…, nous qui avons vécu ensemble, nous aimant si tendrement ;… nous sommes perdus l’un pour l’autre,… (sais-je pourquoi… ?) et vous ne me dites rien pour alléger cette montagne de tristesse qui va m’écraser… ?

Sa voix s’altéra. Lucy détourna la tête ; des larmes roulaient sur ses paupières.

— Votre main, je vous prie, pour un moment.

Elle laissa retomber sa main sur le côté. Burleigh la saisit entre les deux siennes, et se disposait à la presser contre ses lèvres lorsque la jeune femme s’arracha à son étreinte et s’enfuit. Le maître d’école ne la vit plus, jusqu’au moment où il vint rejoindre le groupe de chasseurs réunis