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LES PIEDS FOURCHUS

qu’exige la paisible installation du voyageur : écuries, remises, étables, bassins, et jusqu’au grand banc de pierre où l’on se repose au soleil, tout y était au grand complet.

Et elle n’était pas trop grande lorsqu’on y célébrait une noce, une fête militaire, une réunion de trappeurs, ou lorsque quelques amis éprouvaient le besoin d’être en la compagnie de l’oncle Jerry.

On l’appelait souvent « le Brigadier ; » d’autres le surnommaient « le Quadrumane. » Ce dernier sobriquet faisait allusion à sa stature gigantesque et à sa force prodigieuse ; c’était une flatteuse assimilation avec l’orang-outang, ce terrible hôte de l’Afrique centrale.

Il faut convenir qu’avec ses deux mains il faisait l’ouvrage de quatre, malgré son grand âge, qu’il s’agît de labourer, charpenter, bûcheronner ou boire.

Tout voyageur passant dans un rayon de cinquante milles venait rendre visite à l’oncle Jerry ; on installait chez lui mulets, chevaux, voitures, femmes, filles ou sœurs ; et cela sans gêne ; il suffisait de lui dire « s’il vous plaît ! » Le Brigadier objectait-il que son auberge était remplie, on restait quand même : on campait