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LES PIEDS FOURCHUS

gaison de vivres solides et friands, de liquides aussi agréables à voir et à sentir qu’à boire. Puis, se sentant en gaîté, il bondit à pieds joints hors du sleigh et retomba sur ses pointes aussi légèrement qu’eût pu le faire Fanni Essler ou toute autre demi-déesse aérienne.

Le repas commença et fut signalé par de prodigieuses prouesses de mâchoires. Dès ce moment les chasseurs avaient cessé d’être solitaires ; de grands corbeaux grisonnants, commencèrent à tournoyer autour d’eux attendant les restes du festin ; plus d’un écureuil voltigea de branche en branche dans leur voisinage ; pendant que gagnant silencieusement le dessous du vent, un grand loup maigre ou un renard explorait les broussailles, en flairant avec inquiétude et convoitise ces odeurs inusitées d’hommes et de pâtés, de chevaux et de grillades, de chiens et de poissons frits.

Le bruit de la cavalcade avait aussi excité l’attention des habitations disséminées çà et là sur la litière des bois ; des forestiers, des trappeurs, des settlers, étaient accourus pour voir passer cette chasse bruyante ; les uns arrivés trop tard, n’apercevant rien, avaient frissonné en pensant