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LA FIÈVRE D’OR.

culier aux femmes et à la race féline, et qui ne les empêche pas d’être continuellement aux aguets.

— Dites-moi, don Cornelio, reprit en souriant doña Angela, est-ce que pendant le long laps de temps qui s’est écoulé depuis notre rencontre, vous ne vous êtes jamais entretenu de notre rencontre avec don Luis.

— Jamais, madame.

— Ah !

— Une fois, une seule, je me rappelle que je voulus mettre, par quelques allusions assez directes, la conversation sur ce chapitre.

— Eh bien !

— Don Luis, qui jusqu’alors avait semblé prêter à ce que je lui disais une attention assez complaisante, me pria soudain, dans des termes fort clairs, de ne jamais revenir sur ce sujet, me disant qu’en cette circonstance il avait agi comme il le devait ; que, le cas échéant, il ferait encore de même, et que cela ne valait pas la peine qu’on s’en occupât davantage, d’autant plus que, selon toutes probabilités, jamais le hasard ne nous replacerait en présence des personnes auxquelles nous avions été assez heureux pour rendre ce léger service.

La jeune femme fronça les sourcils.

— Je vous remercie, dit-elle d’une voix légèrement émue, je vous remercie, don Cornelio, de la complaisance avec laquelle vous vous êtes prêté aux caprices d’une femme que vous ne connaissiez point.

— Oh ! madame, s’écria-t-il en se récriant, depuis longtemps je suis votre humble esclave.

— Je connais votre galanterie, mais je ne veux pas en abuser plus longtemps. Croyez bien que je