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LA FIÈVRE D’OR.

Les deux étrangers se présentèrent hardiment ; leur maintien était convenable, sans forfanterie comme sans bassesse, tel, enfin, qu’on devait l’attendre d’hommes longtemps éprouvés par les hasards sans nombre d’une vie aventureuse.

Le général s’attendait probablement à voir paraître des gens aux manières triviales et aux traits communs ; à la vue des deux hommes, dont la mâle et loyale physionomie le frappa, il tressaillit imperceptiblement, se leva, les salua avec courtoisie et les invita poliment à prendre place sur les siéges qu’il avait d’avance fait préparer pour eux.

Doña Angela ne savait que penser après les paroles si positives de don Cornelio. L’absence de don Luis et son remplacement par un homme qu’elle ne connaissait pas lui paraissaient inexplicables ; cependant, sans se rendre bien compte du sentiment qui l’agitait, elle devinait, sous cette substitution, un mystère qu’elle cherchait vainement à approfondir.

Violanta était aussi confuse et aussi étonnée que sa maîtresse.

Seul, le capitaine était demeuré assez indifférent à ce qui se passait. Le vieux soldat, profitant habilement de ce que la bouteille de refino avait été placée à sa portée, s’était versé un grand verre d’aquardiente qu’il buvait à petits coups, en attendant patiemment qu’il plût au général d’entamer la conversation.

Voilà dans quelle position se trouvaient placés nos divers personnages vis-à-vis les uns des autres.

Lorsque enfin, sur son invitation réitérée, les chasseurs se furent assis, le général prit la parole.

— Vous me pardonnerez, messieurs, dit-il, de