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LA FIÈVRE D’OR.

moi, vous avez regretté de ne pouvoir rencontrer l’homme courageux auquel vous devez la vie et auquel, moi, pauvre enfant que j’étais alors, j’ai dû plus peut-être.

La jeune fille prononça ces paroles avec une voix attendrie qui émut tous les assistants.

— Malheureusement, reprit le général au bout d’un instant, voilà trois ans que cette aventure a eu lieu, qui sait ce qu’est devenu cet homme, à présent ?

— Moi, mon père.

— Vous ! Angela, s’écria-t-il avec étonnement, c’est imposable.

— Mon père, les questions que j’ai adressées à ce caballero, questions auxquelles il a mis tant de complaisance à répondre, n’avaient qu’un but, acquérir une certitude en corroborant les réponses que je recevrais avec certains renseignements que j’ai obtenus d’autre part.

— Ainsi ?

— L’homme qui vous a sauvé la vie est le comte don Luis de Prébois-Crancé, celui qui est parti ce matin même pour la Californie.

— Oh ! s’écria le général avec agitation, c’est impossible ; vous vous trompez, ma fille.

— Pardonnez-moi, général, plusieurs fois mon ami m’a raconté cette affaire dans tous ses détails, observa Valentin ; à quoi bon chercher à cacher plus longtemps une chose que vous savez maintenant ?

— Et pour lever tous vos doutes, si, ce que je ne crois pas, il vous en restait quelques-uns, mon père, devant la loyale affirmation de ce caballero, regar-