Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
LA FIÈVRE D’OR.

L’orgueil et la paresse le leur défendaient impérieusement.

Cincinnatus n’a jamais trouvé de pendant dans l’histoire, voilà pourquoi son souvenir s’est conservé si précieusement dans la mémoire de tous jusqu’à présent.

Les hommes dont nous parlons étaient loin d’être des Cincinnatus, bien qu’à l’instar du dictateur romain ils eussent prétendu gouverner les peuples.

Que faire ?

Heureusement, la Providence, dont les voies sont incompréhensibles, veillait sur eux.

La découverte des riches placeres de la Californie, dont la nouvelle avait été à peu près étouffée sous le coup des terribles commotions politiques européennes, revint tout à coup sur l’eau et prit en peu de temps une extension considérable. Les récits les plus extravagants circulèrent sur les richesses incalculables enfouies presque à fleur de terre, dans le sol du nouvel Eldorado. Alors, toutes les imaginations vagabondes commencèrent à fermenter ; tous les yeux se fixèrent sur l’Amérique, et les oiseaux de proie auxquels la curée manquait en Europe, s’élancèrent avec un long cri de joie vers cette terre inconnue où ils croyaient retrouver en quelques jours toutes les joies dont ils s’étaient gorgés et qu’ils espéraient, cette fois, enfin assouvir.

Malheureusement, en Californie comme ailleurs, la première condition pour acquérir du bien-être, est un travail incessant, soutenu et réglé.

En mettant le pied sur la terre américaine, de nombreux et poignants déboires attendaient les aventuriers ; les mines existaient, à la vérité, elles