Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
LA FIÈVRE D’OR.

— Eh bien ! puisque le souper est fini, par pitié pour don Cornelio, qui dort là dans son fauteuil, fais le conduire à un lit où il puisse se reposer tout à son aise ; il en a besoin, je t’assure.

— Le fait est, balbutia l’Espagnol, que malgré tous mes efforts pour les tenir ouverts, je sens mes yeux qui se ferment.

Louis s’était levé ; sur un signe de lui, un domestique s’empara de don Cornelio et l’emmena avec lui.

Curumila avait allumé son calumet et fumait silencieusement.

— À nous deux, dit Valentin.

— Mais le chef, observa Louis, ne veut-il pas se reposer.

— Ne t’occupe pas de lui, il est de fer ; mais si par hasard le sommeil le prend, ne t’en inquiète pas, il s’étendra dans un coin de cette chambre, et tout sera dit.

— Bon, très-bien ! alors, écoute-moi.

— Je suis tout oreilles.

Louis, sans se faire prier davantage, donna à son ami une explication détaillée de tout ce qu’il avait fait depuis son retour à San-Francisco.

Le récit fut long, car le comte avait bien des choses à dire. Valentin l’écouta avec la plus grande attention, sans l’interrompre une seule fois. La nuit était fort avancée déjà lorsque Louis termina enfin son récit.

Curumilla fumait toujours.

Lorsque le comte se fut arrêté, il y eut un moment de silence.

Enfin Valentin prit la parole :