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LA FIÈVRE D’OR.

— Merci. Du reste, malgré tout, sans toi rien n’était fait ; car, remarque ceci, Valentin, c’est que bien que dans l’Atrevida, ainsi se nomme ma société, je compte comme actionnaires les plus riches capitalistes et les hommes les mieux posés du Mexique, aucun d’eux ne m’aurait avancé un ochavo pour payer les frais d’organisation, que je suis tenu de faire seul.

— Manière commode, frère ; tu as affaire à des actionnaires madrés.

— Tant mieux ! je leur prouverai bientôt qu’ils ont eu tort de ne pas avoir en moi toute la confiance que je mérite.

— Ce sera bien fait pour eux, j’approuve cette manière de te venger. Mais dis-moi ?…

— Quoi ?

— Parmi tes actionnaires, comptes-tu des hommes influens ?

— Qu’entends-tu par hommes influens ?

— Dame ! j’entends des hommes dont la position politique t’offre une garantie certaine contre les ennuis que l’on cherchera inévitablement à te créer là-bas pour entraver le succès de ton entreprise et la faire péricliter.

— Je ne crains rien de pareil.

— Tant mieux.

— Juges-en toi-même ; j’ai au nombre de mes actionnaires le ministre de France à Mexico, le consul français à Guaymas, le gouverneur de la Sonora, et que sais-je encore.

— N’as-tu pas dit le gouverneur de la Sonora ?

— Oui.

— Ah ! ah ! ah !