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LA FIÈVRE D’OR.

touché par la délicatesse de ce procédé si noble et si généreux.

— Oui, continua le consul, en fouillant à sa poche et en tirant une liasse de billets, il faut imposer silence à ces drôles. Tenez, voici la somme complète.

Et il tendit les billets au comte ; celui-ci les repoussa doucement avec un sourire.

— Vous vous êtes mépris sur le sens de la parole que j’ai prononcée, monsieur le consul, dit-il ; je vous ai dit merci, non pas parce que j’accepte votre offre généreuse, mais parce qu’elle me prouve l’estime que vous faites de moi.

— Cependant… insista le consul.

— Merci, vous dis-je ; toutes mes dettes seront payées avant une heure. J’ai en ce moment chez moi près de deux cent mille piastres.

Le consul le regardait avec des yeux ébahis.

— Mais hier ? fit-il.

— Oui, interrompit vivement le comte ; hier, je n’avais rien ; aujourd’hui, je suis riche. Je vais vous expliquer ce miracle bien simple.

Lorsque le comte eut terminé son récit, le consul lui serra joyeusement la main.

— Vive Dieu ! dit-il, vous ne savez, mon cher comte, quel plaisir vous me faites en ce moment ; vous avez de bons amis.

— Au nombre desquels vous êtes, monsieur le consul.

— Oh ! moi, répondit-il avec une fine bonhomie qui était un des points saillans de son caractère, ce n’est pas étonnant, ne suis-je pas un de vos actionnaires ?