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LA FIÈVRE D’OR.

vement pied à terre, il prit ses pistolets dans ses fontes, les passa à sa ceinture, et s’avançant résolûment vers le señor Saccaplata, il le saisit au collet et le secoua rudement.

— Écoutez, maître larron, lui dit-il, trêve à vos insolences et servez-moi, si vous ne voulez vous en repentir.

L’hôtelier fut tellement étonné de cette brusque façon de lui répondre et de cette atteinte à son inviolabilité, que pendant un instant il demeura muet de confusion et de colère ; son visage devint cramoisi, ses yeux roulèrent effarés dans leur orbite, et il s’écria enfin d’une voix étranglée :

— À moi ! à moi don Cristoval Saccaplata ! une telle insulte ! par le corps du Christ, cela ne se passera pas ainsi. Sortez de chez moi à l’instant.

— Je ne sortirai pas, répondit paisiblement mais fermement le colonel, et vous allez me servir immédiatement.

— Oh ! mais c’est ce que nous allons voir. Holà ! à moi ! Pedro, Juan, Jacinto, venez tous ! sus à ces larrons !

Sept ou huit domestiques se précipitèrent hors des corales à la voix de leur maître, et vinrent se ranger derrière lui.

— Fort bien, reprit le colonel en levant ses pistolets ; le premier drôle qui fait un pas vers moi dans une mauvaise intention, je le brûle.

Il va sans dire que les peones demeurèrent immobiles comme s’ils eussent été subitement changés en blocs de granit.

Un des domestiques du colonel avait aidé doña Angela à mettre pied à terre ; il l’avait accompa-