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LA FIÈVRE D’OR.

taient subitement trouvées pavoisées, et cela d’autant plus facilement que quelques jours plus tard on devait célébrer la Fête-Dieu, et que tous les pavois étaient prêts.

Les habitants, revêtus de leurs plus beaux habits, les Indiens hiaquis, dont un grand nombre se louent comme ouvriers et domestiques aux particuliers, tout ce monde, enfin, se hâtait, courait et se bousculait vers la plage en criant, en riant, en chantant et en poussant des hurras à n’en plus finir.

C’était réellement un spectacle curieux que celui de cette foule qui se précipitait joyeuse vers ces quelques Français dont, avec cet instinct intelligent qui partout caractérise les masses, elle avait deviné les bonnes intentions à son égard.

Les autorités de la ville suivaient le mouvement de la population, mais il était facile de deviner qu’elles n’agissaient pas par leur propre volonté, et qu’elles venaient plutôt entraînées par l’opinion publique qu’obéissant à leur libre arbitre.

Lorsque Valentin et les deux hommes qui, bon gré malgré, s’étaient faits ses compagnons, arrivèrent sur la plage, elle était déjà envahie par la population tout entière.

À quelques encâblures au large, on apercevait distinctement le bâtiment sur lequel se trouvait la compagnie ; il s’avançait majestueusement, poussé par une bonne brise, légèrement incliné sur le flanc ; il avait ses perroquets hauts et ses basses voiles carguées, ce qui permettait d’apercevoir ses gaillards couverts de monde.

Lorsque le navire eut un peu dépassé l’île del Venado, mouillage ordinaire des gros bâtiments, il