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LA FIÈVRE D’OR.

jouissait à juste titre, nous sommes malheureusement contraint d’en convenir, d’une effroyable réputation de vice, de crime et de débauche, dans tous les pays circonvoisins et surtout dans les ports du Pacifique, où souvent ils s’abattaient comme des volées d’oiseaux de proie. Le comte désirait ardemment, dans l’intérêt même de son entreprise, montrer aux Sonoriens parmi lesquels elle devait vivre, que l’émigration française n’avait rien de commun avec ces bandits sinistres, et que les hommes qu’il avait l’honneur de commander étaient de braves gens résolus à se conduire bien partout où le hasard les pousserait, et ne molesteraient jamais les populations mexicaines.

Quant à la seconde question, elle était plus sérieuse encore aux yeux du comte.

Les Mexicains, non-seulement sont ignorants et superstitieux, mais encore, bien qu’ils ne comprennent pas un mot de la religion qu’ils professent, et peut-être à cause de cela même, ils sont d’un fanatisme outré et pardonnent plutôt un meurtre qu’une insulte, si légère qu’elle soit, non pas à la religion elle-même, mais seulement aux cérémonies exagérées du culte.

Ce fanatisme, soigneusement entretenu sous la domination espagnole, avait pour but d’éloigner les étrangers, c’est-à-dire les Anglais, qu’ils redoutaient beaucoup, des rivages de la Nouvelle-Espagne.

Du reste, à cette époque, les Anglais étaient à peu près les seuls Européens qui se hasardassent à visiter les colonies espagnoles.

Les moines profitèrent de la dissemblance de religion de ces braves insulaires pour faire d’eux à