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LA FIÈVRE D’OR.

encore à l’embarras de la position ; le général le sentait, il cherchait vainement le moyen d’en sortir.

Don Luis comprit ou plutôt devina la perplexité du général ; faisant alors deux pas en avant.

— Je suis confus, général, dit-il avec la plus exquise politesse, du trouble que j’ai involontairement causé parmi vos invités ; il paraît que je n’étais pas attendu au Pitic.

Le général parvint à reprendre un peu d’assurance.

— Je l’avoue, caballero, répondit-il ; cependant la visite impromptue que vous daignez me faire ne peut, croyez-le bien, que m’être fort agréable.

— Je le désire, général ; cependant, à en juger par les regards dirigés sur moi de tous les côtés, il m’est permis d’en douter.

— Vous vous trompez, senor conde, reprit don Sebastian en essayant de sourire, depuis quelques jours la renommée s’est tellement occupée de vous, que l’empressement dont vous êtes en ce moment l’objet ne doit nullement vous étonner.

— Je désirerais, général, dit le comte en s’inclinant, que cet empressement fût plus amical ; ma conduite depuis mon arrivée en Sonora aurait dû m’attirer plus de sympathies.

— Que voulez-vous ? senor conde, nous sommes des sauvages, nous, autres, dit le général avec un sourire railleur ; nous avons le malheur de ne pas aimer ce qui nous vient du dehors, il faut nous excuser. Mais assez sur ce sujet. Quant à présent, ajouta-t-il en changeant de ton, permettez-moi, senor conde, puisque vous avez bien voulu devenir