Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
LA FIÈVRE D’OR.

comte, mais j’avais de vous une toute autre opinion.

— Que voulez-vous dire ?

— Ainsi vous n’avez pas deviné pourquoi moi, général, gouverneur militaire de l’État de Sonora, j’ai appuyé si chaudement votre requête après du président ?

— Mais…

— Vous n’avez pas deviné, reprit-il vivement, pourquoi j’ai exigé que vos compagnons fussent bien armés et organisés militairement ?

— Il me semble…

— Vous n’avez pas compris pourquoi je vous ai fait investir d’un pouvoir militaire aussi étendu que si vous étiez chef d’armée ? Allons donc, comte, vous ne parlez pas sérieusement en ce moment, ou bien vous voulez lutter de ruse et de finesse avec moi.

En prononçant ces paroles avec une certaine véhémence, véritable cette fois, le général avait quitté son siége et marchait avec agitation dans le cabinet.

Le comte l’écoutait avec la plus grande attention, tout en l’examinant avec soin lorsqu’il se tut, il répondit :

— Voici ce que j’ai compris, général, je vais vous le dire :

— Parlez.

— J’ai compris que le gouvernement mexicain, trop faible pour recouvrer par lui-même les riches placeras de la Plancha de Plata, que par son incurie il a laissés tomber au pouvoir des Indiens, ne demanderait pas mieux de voir faire par des étrangers cette expédition dont il récolterait les plus grands