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LA FIÈVRE D’OR.

Arrivé dans la chambre, don Luis se tourna vers son compagnon.

— Eh bien ! lui demanda-t-il, qu’avez-vous à me dire ?

— Voilà ; ce matin, selon mon habitude de chaque jour, je me promenais, après déjeuner, en fumant un papelito, lorsqu’au coin de la calle de la Merced et de la calle San-Francisco, je me sentis légèrement toucher le bras ; je me retournai vivement ; une femme charmante, on du moins je le suppose, car il m’a été impossible de distinguer ses traits, tant elle était cachée avec soin dans les plis de son rebozo, me faisait signe de la suivre. Qu’auriez-vous fait à ma place, don Luiz ?

— Je l’ignore, mon ami ; mais je vous en prie, soyez bref, je suis pressé.

— Hum ! moi, je la suivis ! Vous savez que j’ai une idée sur les femmes mexicaines, et que je suis convaincu qu’un jour ou l’autre…

— Au nom du ciel ! mon ami, venez au fait, interrompit don Luis en frappant du pied avec impatience.

— J’y arrive : je la suivis donc ; elle entra dans l’église de la Merced, j’y entrai après elle ; l’église était déserte en ce moment, ce qui me fit un sensible plaisir, parce qu’alors, vous comprenez, on peut causer à son aise… Ne vous impatientez pas, m’y voici : lorsque je fus arrivé dans un angle assez obscur, la jeune et charmante femme, car je maintiens qu’elle est jeune et surtout qu’elle est charmante, se retourna si subitement, que je faillis lui marcher sur les pieds tant j’étais près d’elle. — N’êtes-vous pas don Cornelio Mendoza ? me deman-