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LA FIÈVRE D’OR.

— Je pars.

Et il sortit ; dix minutes plus tard, don Luis entendit résonner sur le calloutis du vestibule le galop précipité de son cheval.

— Demain, à cette heure, je saurai enfin à quoi m’en tenir, murmura don Luis.

Il se jeta sur une butacca, et appuyant les coudes sur la table, il cacha sa tête dans ses mains et se plongea dans de profondes réflexions.

Dans cette position, ses yeux se fixèrent malgré lui sur le billet que lui avait remis don Cornelio et qui se trouvait juste devant lui.

Un sourire pâle glissa sur ses lèvres.

— Pauvres folles ! murmura-t-il, qui ne rêvent qu’au plaisir et à l’amour, pour lesquelles la vie n’est qu’une longue fête ; qu’ai-je besoin de vos protestations menteuses, auxquelles je ne saurais répondre ; l’amour, pour moi, n’existe plus désormais. Comme toutes celles qui l’ont précédée, celle-ci, sans doute, me jure un amour éternel, qu’elle oubliera demain. À quoi bon m’occuper de pareilles niaiseries ? mon cœur est mort à la joie, bien mort, hélas !

Et il repoussa le papier.

La nuit tombait rapidement, le comte enflamma une allumette chimique, afin d’obtenir de la lumière ; mais, ainsi que cela arrive souvent aux gens préoccupés, lorsqu’il voulut communiquer la flamme de l’allumette au candil, il s’aperçut que déjà l’allumette à demi consumée, allait lui brûler les doigts. Alors, machinalement, il prit le billet qu’il avait repoussé, le replia et se prépara à le tordre ; mais tout à coup il s’arrêta, jeta sur le parquet l’allumette,