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LA FIÈVRE D’OR.

imprudent de quitter Guaymas dans l’état d’effervescence où les soldats se trouvaient, que de grands malheurs pourraient être la suite de ce départ, que peut-être vaudrait-il mieux attendre le retour du comte, qui, averti par le courrier expédié la veille, ne tarderait sans doute pas à arriver, et cent autres raisons plus ou moins spécieuses.

liais le commandant par intérim était un vieux soldat d’Afrique, rompu à la discipline, qui ne connaissait que sa consigne. Il répondit brusquement au colonel qu’il le priait de se mêler de ses affaires ; que ce qui se passait ne le regardait nullement ; que quant à lui, il avait des ordres et qu’il les exécuterait, quelles qu’en dussent être les conséquences.

Le colonel Florès, se voyant si vertement admonesté et reconnaissant qu’il avait fait fausse route, changea immédiatement ses batteries, et se rangea complétement à l’avis de l’officier, qu’il engagea à persévérer dans la conduite qu’il avait tenue jusqu’alors, et à ne pas faiblir devant l’insubordination de ses soldats.

Le commandant haussa les épaules avec dédain à ces nouvelles suggestions du digne colonel, et s’avançant au milieu de la cour où les soldats, disséminés par groupes de trois ou quatre, péroraient en gesticulant, il ordonna aux clairons de sonner l’assemblée.

Ceux-ci obéirent.

Les aventuriers huèrent les clairons et redoublèrent de cris et de vociférations.

Le commandant restait impassible à la place qu’il avait choisie, les bras croisés sur sa poitrine.