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LA FIÈVRE D’OR.

Le commandant n’adressa de reproches à personne, il ne fit pas de récriminations, il n’eut pas l’air de se souvenir de la résistance que d’abord on avait opposée.

Tous les hommes sont les mêmes : pour les dompter, il faut bien leur prouver qu’on a sur eux une supériorité quelconque.

Le colonel Florès était stupéfait ; il ne comprenait rien à ce qui se passait sous ses yeux.

— Hum ! murmura-t-il intérieurement, quelle énergie ! quel courage ! Je crois que nous n’aurons pas facilement raison de pareils hommes !

Le commandant, après s’être d’un coup d’œil assuré que la compagnie était bien réellement rentrée dans le devoir, donna enfin l’ordre du départ.

Cet ordre, répété aussitôt par les officiers subalternes, fut exécuté sans le moindre murmure, et les aventuriers se mirent en marche, précédés d’une longue file de mules portant les bagages, et deux ou trois chariots contenant quelques malades. Les pièces de canon (car le comte avait jugé nécessaire d’augmenter son artillerie) venaient au centre, traînées par des mules. La marche était fermée par la cavalerie, dont un détachement de dix hommes seulement avait été soustrait pour fermer l’avant-garde de la colonne.

Don Antonio Pavo était venu se joindre à la troupe, afin de lui faire ses adieux.

Les Français traversèrent Guaymas au pas accéléré au milieu des cris de bon voyage et des souhaits de réussite de la population groupée sur leur passage.

Don Antonio accompagna la compagnie jusqu’à