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LA MAIN-FERME



I

COUPS DE FEU


Le pays qui s’étend entre la sierra de San-Saba et le Rio-Puerco, littéralement la rivière Sale, est un des endroits les plus lugubres et les plus mélancoliques qui se puissent imaginer.

Cette savane maudite, ou blanchissent des squelettes sans nom, que le vent et le soleil achèvent de réduire en poussière, est un immense désert, semé de roches grisâtres sous lesquelles les serpents et les fauves ont, de temps immémorial, creusé leurs repaires, et qui ne produit guère que des ronces noires et de grêles mesquites qui, de loin en loin, surgissent avec effort au milieu des sables.

Les voyageurs blancs ou indiens ne s’aventurent que rarement et à leur corps défendant à traverser cette affreuse solitude, et au risque d’allonger leur route, ils aiment mieux faire un détour et suivre la lisière sur laquelle ils sont certains de rencontrer de