Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/111

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tude de m’en rapporter à vous pour tout ce qui regarde nos intérêts communs. Je ne serais pourtant pas fâché, ne serait-ce que pour la rareté du fait, de savoir pourquoi diable nous avons quitté les prairies où nous étions si bien pour venir ici où nous sommes si mal.

— Vous êtes-vous repenti, jusqu’à ce jour, de la confiance que vous avez mise en moi ?

— Je ne dis pas cela, Harry, Dieu m’en garde ! Cependant, il me semble…

— Il vous semble mal, interrompit vivement le jeune homme ; laissez-moi faire, et avant trois mois vous aurez deux ou trois fois plein votre chapeau d’or massif, ou je ne suis qu’un sot.

À cette éblouissante promesse, les yeux de Dick, le plus petit des deux chasseurs, brillèrent comme deux étoiles ; il regarda son compagnon avec une espèce d’admiration.

— Oh ! oh ! dit-il à demi voix, retourne-t-il donc placer ?

— Pardieu ! fit l’autre en haussant les épaules, serions-nous ici sans cela ? Mais chut ! voici notre homme.

Effectivement, en ce moment un homme entra.

À son aspect, il se fit un silence subit dans le meson ; les aventuriers, qui jouaient et juraient à toutes les tables, se levèrent comme poussés par un ressort, ôtèrent respectueusement leurs feutres emplumés et se rangèrent, les yeux baissés, sur son passage.

Cet homme resta un instant immobile sur le seuil de la venta, promena un regard profond sur l’assemblée et se dirigea vers les deux chasseurs dont nous avons parlé.

Cet homme portait la robe de moine.