Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/193

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du premier cheval venu, il s’élança sur son dos où il se tint à genoux.

Les chevaux étaient tellement pressés les uns auprès des autres, que toute autre position était impossible.

Alors il se passa une chose étrange, une lutte inouïe entre le cheval et le cavalier.

La noble bête, furieuse de sentir sa croupe déshonorée par le poids qu’elle portait, sautait, se dressait, se cabrait, ruait en hennissant, mais tout était inutile, don Pablo restait ferme.

Tant qu’il fut dans le ravin, le cheval pressé contre ses compagnons ne put pas faire tout ce qu’il aurait voulu pour se débarrasser du fardeau qu’il portait, mais aussitôt qu’il se trouva dans la plaine, il releva la tête, fit coup sur coup plusieurs bonds de côté et s’élança tout à coup en avant avec une rapidité qui coupait la respiration du jeune homme.

Don Pablo s’était mis à cheval tout en comprimant fortement avec les genoux les flancs haletants de la monture ; il dénoua sa cravate et se prépara à jouer la dernière scène de ce drame qui menaçait de finir pour lui d’une façon tragique.

Le cheval avait changé de tactique ; il courait en droite ligne vers le fleuve, résolu à se noyer avec son cavalier plutôt que de se laisser vaincre.

Les chasseurs suivaient avec un intérêt mêlé d’épouvante les péripéties émouvantes de cette course furieuse, lorsque tout à coup le cheval changea encore d’avis et se dressa, afin de se renverser en arrière avec son cavalier.

Les chasseurs poussèrent un cri d’angoisse. Don Pablo se cramponna fortement au cou de l’animal, et