Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/219

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à la petite porte, qui lui fut ouverte par Fray Ambrosio, et le squatter s’introduisit dans l’hacienda avec ses trois fils et une troupe de bandits.

Les peones, surpris dans leur sommeil, furent garrottés avant même de savoir ce dont il s’agissait.

— Maintenant, dit le Cèdre-Rouge, nous voici maîtres de la place ; la jeune fille peut venir quand elle le voudra.

— Eh ! fit le moine, tout n’est pas fini encore ; don Miguel est un homme résolu ; il est bien accompagné, il ne laissera pas ainsi enlever sa fille sous ses yeux sans la défendre.

— Don Miguel ne viendra pas, répondit le squatter avec un sourire sardonique.

— Comment le savez-vous ?

— Cela ne vous regarde pas.

— Nous verrons.

Mais les bandits avaient oublié le père Séraphin.

Le missionnaire, réveillé par le bruit insolite qu’il entendait dans l’hacienda, s’était levé en toute hâte ; il avait entendu les quelques mots échangés entre les deux complices, ces quelques mots suffirent pour lui faire deviner l’épouvantable trahison qu’ils méditaient.

N’écoutant que son cœur, le missionnaire se glissa dans le corral, sella un cheval, et, ouvrant une porte de dégagement dont il portait la clef sur lui afin de rentrer et de sortir de l’hacienda lorsque son ministère l’exigeait, il s’élança à fond de train dans la direction qu’il supposait que les chasseurs devaient prendre pour revenir à l’hacienda.

Malheureusement le père Séraphin n’avait pu accomplir sa fuite sans que l’oreille exercée du squatter et de ses bandits qui, en ce moment, buvaient à longs