Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/245

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— Aussi, se hâta de reprendre le Cèdre-Rouge, n’est-ce qu’un doute que j’émets, et pas autre chose.

— Voyons, Cèdre-Rouge, dit le moine, vous venez de détailler vous-même tous les embarras de notre position, les difficultés sans nombre que nous aurons à surmonter pour atteindre notre but ; à quoi bon compliquer encore ce que notre situation a de grave, et nous créer comme à plaisir de nouveaux ennuis ?

— Je ne vous comprends pas, señor padre ; veuillez, je vous prie, vous expliquer plus clairement.

— Je veux parler de la jeune fille que vous avez enlevée.

— Ah ! ah ! fit le Cèdre-Rouge en ricanant, c’est donc là que le bât vous blesse, compagnon ? j’en suis fâché ; mais je ne répondrai pas à la question que vous m’adressez. Si j’ai enlevé cette femme, c’est que j’avais pour le faire de pressantes raisons ; ces raisons existent toujours, voilà tout ce que je puis vous dire. Tant mieux si ces explications vous suffisent, sinon vous en prendrez votre parti, car vous n’en aurez pas d’autres.

— Cependant, il me semble que, dans les conditions où nous sommes vis-à-vis l’un de l’autre…

— Que peut avoir de commun l’enlèvement de doña Clara avec la découverte d’un placer au fond de l’Apacheria ? Allons, vous êtes fou, Fray Ambrosio ; le mezcal vous a porté à la tête.

— Mais… dit en insistant le moine.

— Brisons là, s’écria Cèdre-Rouge en frappant brutalement la table de son poing fermé. Je ne veux pas entendre un mot de plus sur ce sujet.

En ce moment, deux coups vigoureux retentirent sur la porte soigneusement verrouillée.