Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/261

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suis entré dans le rancho, et alors vous savez le reste.

— Oui, oui, la cuchillada a été belle. Certes, le bandit ne l’a pas volée ; mais je crains que cette croix que vous lui avez si prestement dessinée sur le visage ne vous coûte cher un jour.

— Enfin, à la grâce de Dieu ! Vous connaissez le proverbe : Cosa que no tiene remedio, olvidarla es lo mejor (ce qui est sans remède, il vaut mieux l’oublier). Pourvu que mon père échappe au sort qui le menace, je serai heureux. Quant à moi, je prendrai des précautions.

— N’avez-vous rien appris encore ?

— Si. Les gambusinos du Cèdre-Rouge sont campés à peu de distance de nous ; je sais, à n’en pas douter, que leur chef a l’intention de partir demain au plus tard.

— Oh ! oh ! déjà ! Il faut nous hâter de tendre notre embuscade, si nous voulons découvrir le chemin qu’ils suivront.

— Quand partons-nous ?

— De suite.

Aussitôt les trois hommes firent leurs préparatifs, les chevaux furent sellés, les petites outres de peau de chevreau que tout cavalier, dans ce pays aride, porte continuellement à l’arçon de sa selle furent remplies d’eau.

Quelques minutes plus tard, les chasseurs montaient à cheval.

Au moment où ils allaient quitter la clairière, un craquement de feuilles se fit entendre, les branches s’écartèrent et un Indien parut.

C’était l’Unicorne, le grand sachem des Comanches