Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/268

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Les deux chasseurs s’empressèrent autour d’elle.

C’était une Indienne. Elle paraissait avoir dix-sept à dix-huit ans au plus ; elle était belle.

Valentin ne parvint qu’à grand’peine à desserrer ses bras et à lui enlever son enfant.

La frêle créature, âgée d’un an à peine, par un miracle incompréhensible, grâce sans doute au dévouement de sa mère, avait été complétement préservée ; elle sourit doucement au chasseur, lorsque celui-ci la posa délicatement sur un lit de feuilles sèches.

Curumilla entr’ouvrit avec la lame de son couteau la bouche de la femme, y introduisit le goulot de sa gourde et lui fit avaler quelques gouttes de mezcal.

Un temps assez long s’écoula sans que la noyée fît le moindre mouvement qui indiquât un retour prochain à la vie.

Les chasseurs ne se rebutèrent point en voyant l’insuccès de leurs soins, ils redoublèrent au contraire d’efforts.

Enfin un profond soupir s’exhala péniblement de la poitrine oppressée de la malade, et elle ouvrit les yeux en murmurant d’une voix faible comme un souffle ce seul mot :

Xocoyotl ! ( Mon fils !)

Ce cri de l’âme, ce premier et suprême appel d’une mère sur le bord de la tombe, émut ces deux hommes au cœur de bronze.

Valentin saisit avec précaution l’enfant, qui s’était paisiblement endormi sur son lit de feuilles, et le présenta à sa mère en disant d’une voix douce :

Nantli, joltinemi ! ( Mère, il vit !) À ces paroles qui lui rendaient l’espérance, la malade se re-