Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/277

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Les deux chasseurs, fatigués de la longue course qu’ils venaient de faire, se laissèrent aller, avec un plaisir extrême, sur les lits de feuilles sèches qui les attendaient.

— Eh bien, demanda Valentin à Curumilla, penni, que dites-vous de ce qui nous arrive ?

— Cela peut être bon.

— N’est-ce pas ?

— Oui.

Sur ce, Curumilla s’endormit ; Valentin ne tarda pas à suivre son exemple.

Ainsi qu’il le leur avait promis, vers le soir l’Unicorne entra dans le calli.

— Mes frères sont-ils reposés ? demanda-t-il.

— Oui, répondit Valentin.

— Sont-ils disposés à m’entendre ?

— Parlez, chef, nous vous écoutons.

Le sachem comanche s’accroupit alors auprès du foyer et resta quelques minutes la tête penchée en avant, les yeux fixés sur le sol, dans la position d’un homme qui réfléchit.

Les deux chasseurs attendaient impassibles qu’il se décidât à s’expliquer.

Enfin il releva la tête, étendit le bras en avant comme pour donner plus d’autorité aux paroles qu’il allait prononcer, et commença ainsi :

— Frère, vous et votre ami vous êtes deux braves guerriers, les prairies se réjouissent de votre arrivée parmi nous ; les daims et les bisons fuient à votre approche, car votre bras est fort et votre œil infaillible. L’Unicorne n’est qu’un pauvre Indien, mais c’est un grand guerrier parmi les Comanches et un chef redouté dans sa tribu ; vous avez sauvé sa femme,