Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/312

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mon frère dort-il qu’il n’entend pas qu’un guerrier lui parle ?

— Je ne dors pas, répondit le soldat en faisant un pas en arrière ; que demandez-vous ?

— Le grand sachem des Comanches, le Hatouni (cacique) que les Enfants Rouges nomment Haboutzelze (l’Unicorne), vient parler à son grand père blanc, le chef des Visages Pâles de la frontière.

— Que lui veut-il ? demanda le soldat sans savoir ce qu’il disait, tant l’aspect imprévu du Peau Rouge l’avait troublé.

— Mon frère est-il un chef ? fit l’Indien d’un air narquois.

— Non, répondit le soldat tout penaud de cette leçon.

— Eh bien, alors, qu’il ferme les oreilles pour ce qui regarde ceux que le Grand-Esprit a placés au-dessus de lui, et qu’il s’acquitte du message que je lui donne au nom du sachem.

Pendant que le guerrier comanche échangeait ces quelques paroles avec le factionnaire, plusieurs personnes attirées au dehors par le bruit inusité qu’elles entendaient, étaient sorties du palais et s’étaient mêlées à la foule.

Parmi ces personnes se trouvaient plusieurs officiers ; l’un d’eux s’avança vers le cavalier indien.

— Que désire mon frère ? lui demanda-t-il.

Le guerrier reconnut au premier coup d’œil que cette fois il avait affaire à un chef ; il salua son interlocuteur avec courtoisie et lui répondit :

— Une députation de la grande nation comanche désire être introduite auprès de mon grand-père blanc.

— Bien ; mais tous les guerriers ne peuvent entrer dans le palais, reprit l’officier.