Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/350

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— Bon ! C’est la guerre que vous me déclarez alors ? fit le squatter avec une certaine inquiétude, qu’il chercha vainement à dissimuler.

L’inconnu haussa les épaules.

— Nous nous connaissons de trop longue date pour que nous ne soyons pas édifiés réciproquement sur le compte l’un de l’autre ; nous ne pouvons être qu’amis ou ennemis. N’est-ce pas votre opinion ?

— Oui.

— Eh bien, livrez-moi doña Clara, et je vous remettrai, moi, les papiers que…

— Assez, interrompit brusquement le squatter ; ces papiers, les avez-vous sur vous ?

L’inconnu se mit à rire.

— Vous me croyez donc bien niais ? dit-il.

— Je ne vous comprends pas.

— Je ne vous fais pas l’injure de vous croire. Non, je n’ai pas ces papiers sur moi ; je ne suis pas assez sot pour risquer ainsi de me faire assassiner par vous.

— Que me rapporterait votre mort ?

— Dame, quand ce ne serait que ma chevelure, vous seriez toujours sûr de toucher au moins cinquante dollars.

À cette lugubre plaisanterie le squatter se mit à rire.

— Je n’y avais pas songé, fit-il gaiement.

— Écoutez-moi, Cèdre-Rouge, et gravez bien mes paroles dans votre cervelle.

— Parlez.

— Dans un mois d’ici, heure pour heure, jour pour jour, en quelque lieu que vous vous trouviez, je me présenterai à vous.

— Pour quoi faire ? dit en goguenardant le squatter.