Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/389

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Hum ! fit-il, répondre à une trahison par une autre, ce n’est pas ainsi qu’agissent les guerriers de ma nation.

— La nation de mon frère est grande et forte comme l’ours gris, dit l’Unicorne, elle n’a pas besoin de marcher dans les sentiers perdus ; les pauvres Indiens sont faibles comme le castor, mais, ainsi que lui, ils sont très-rusés.

— C’est vrai, dit Valentin, la ruse doit vous être permise contre les ennemis implacables qui vous assaillent de toutes parts ; j’ai tort, j’ai tort, continuez chef, dites-nous quelle est la diablerie que vous avez inventée, et si elle est ingénieuse, eh bien, je serai le premier à en convenir.

— Ooah ! mon frère jugera. Le Cèdre-Rouge va entrer dans le désert ; mon frère le sait, sans doute ?

— En effet.

— Mon frère sait-il que le gringo[1] a demandé un guide aux Apaches ?

— Non, je l’ignorais.

— Bon ! Stanapat, le grand chef des Apaches, avait envoyé un guerrier navajoé pour servir de guide au Cèdre-Rouge.

— Eh bien ?

— Le Navajoé a été scalpé par la Plume-d’Aigle.

— Ah ! ah ! ah ! le Cèdre-Rouge ne pourra pas encore partir alors ?

— Si, il partira lorsqu’il voudra.

— Comment cela ?

— Parce que la Plume-d’Aigle remplace le guide.

L’Unicorne sourit.

  1. Nom donné aux Américains du Nord ; terme de mépris intraduisible, mais qui signifie à peu près hérétique.