Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/413

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— Elle a été reprise cette nuit par le Cèdre-Rouge, enlevée de l’asile dans lequel je l’avais conduite.

— Oh ! s’écria Valentin avec une rage sourde, en frappant du pied avec colère, toujours ce démon ! ce Cèdre-Rouge maudit !… Malheur, malheur à lui !…

— Hélas ! fit le prêtre avec découragement.

— Reprenez courage, mon père, dit Valentin ; sauvons d’abord don Miguel, je vous jure, moi, que je lui rendrai sa fille.

L’Unicorne s’avança.

— Maître de la prière, dit-il au père Séraphin d’une voix douce et accentuée, votre cœur est bon, les Comanches vous aiment, l’Unicorne vous aidera. Priez votre Dieu, il nous protégera dans nos recherches, puisque, dites-vous, il est si puissant.

Puis le chef se tourna vers don Pablo, et lui appuyant la main fortement sur l’épaule :

— Les femmes pleurent, dit-il, les hommes se vengent : mon frère n’a-t-il pas son rifle ?

En sentant la main du Comanche peser sur lui, en entendant ses paroles, le jeune homme tressaillit comme s’il avait reçu une commotion électrique ; il se redressa vivement, et fixant sur le chef, avec une expression terrible, ses yeux brûlés par la fièvre de la douleur :

— Oui, dit-il d’une voix sourde, vous avez raison, chef ; et passant sa main sur ses yeux avec un geste de rage : Laissons les larmes aux femmes, qui n’ont pas d’autres armes pour protéger leur faiblesse ; je suis un homme, moi, je me vengerai.

— Bon. Mon frère parle bien, c’est un guerrier ; l’Unicorne l’estime ; il deviendra grand sur le sentier de la guerre.