Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/415

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— Chercher le camp des gambusinos du Cèdre-Rouge, répondit Curumilla avec un fin sourire.

— Bon, reprit Valentin avec joie ; mon frère est un chef sage, il n’oublie rien.

— Curumilla aime son frère, il pense pour lui, répondit simplement le chef.

Après avoir prononcé ces paroles, l’ulmen salua gracieusement les assistants et s’éloigna dans la direction du Paso del Norte.

Il disparut bientôt dans les méandres de la route.

Valentin le suivit longtemps des yeux. Lorsqu’il ne le vit plus, il laissa, d’un air pensif, tomber sa tête sur sa poitrine, en murmurant d’une voix sourde :

— Bonne et intelligente nature ! cœur dévoué, seul ami vrai qui me reste, dernier reflet de mes premières années de courses aventureuses, le seul qui me soit resté de mes anciens et fidèles compagnons !… Trangoilanec, Louis, mon pauvre Louis, où êtes-vous à présent ? Un profond soupir s’échappa de sa poitrine, et il demeura absorbé dans une sombre rêverie.

Ses deux amis respectèrent son silence : cet excès subit de sensibilité chez cet homme au cœur si fortement trempé les émut vivement ; ils n’osèrent le troubler, et attendirent silencieusement que le calme fût rentré dans son esprit.

Enfin Valentin releva la tête, passa la main sur son front comme pour en chasser les idées tristes qui l’obsédaient, et se tournant vers ses amis :

— Pardonnez-moi, leur dit-il, parfois je me laisse aussi aller à mes pensées. Hélas ! moi aussi, j’ai bien souffert !… Mais laissons cela, ajouta-t-il {corr|gaiem|gaiement, }} ce qui est passé est passé, occupons-nous de vous.

Il leur fit signe de prendre place à ses côtés, sur