Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/92

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— Non, dit-elle ; depuis plusieurs jours, en me réveillant, j’aperçois toujours une fleur jetée ainsi sur moi.

— Tu es folle, le hasard seul est coupable, c’est lui qui a tout fait. Allons, ne pense plus à cela ; tu es pâle comme une morte, enfant, pourquoi t’effrayer ainsi d’une niaiserie ? D’ailleurs, le remède est facile à trouver : puisque maintenant tu as si peur des fleurs, pourquoi ne fais-tu pas ta siesta dans ta chambre à coucher, au lieu de venir te blottir au fond de ce bosquet ?

— C’est vrai, mon père, dit la jeune fille toute joyeuse, et qui ne songeait déjà plus à la peur qu’elle avait éprouvée, je suivrai votre conseil.

— Allons, c’est convenu, ne parlons plus de cela ; et maintenant, venez m’embrasser.

La jeune fille se jeta dans les bras de son père, qu’elle accabla de caresses

Tous deux s’assirent sur un banc de gazon et se livrèrent à une de ces délicieuses causeries dont, seuls, ceux qui ont le bonheur d’avoir des enfants sont à même d’apprécier tout le charme.

Sur ces entrefaites, un peon (valet) se présenta.

— Qui vous amène ? demanda don Miguel.

— Seigneurie, répondit le peon, un guerrier Peau-Rouge vient d’arriver à l’hacienda, il désire vous parler.

— Le connaissez-vous ? reprit don Miguel.

— Oh ! oui, seigneurie, c’est Mookapec — la Plume d’Aigle, — le sachem des Coras du Rio-San-Pedro.

— Mookapec ! répéta l’hacendero avec étonnement. Quelle raison a pu l’engager à me venir trouver ? amenez-le-moi.

Le peon se retira ; il reparut au bout de quelques minutes, précédant la Plume-d’Aigle.