Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/128

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Gila, d’autres en revenaient, certains portaient des seaux de toile pleins d’eau.

Les cuisiniers fendaient le bois, allumaient le feu, épluchaient les légumes ou embrochaient les quartiers de gibier.

Quelques-uns fourbissaient leurs armes ou raccommodaient leurs vêtements.

D’autres enfin se promenaient gravement la cigarette ou le cigare à la bouche.

C’était un bruit, un brouhaha continu de cris, de jurons, de chants mêlés aux aboiements des chiens et aux hennissements des chevaux.

On changeait les sentinelles et on procédait au nettoyage du camp, ce qui n’était pas une mince affaire.

Le temps était magnifique, le ciel d’un bleu indigo.

Des senteurs balsamiques s’échappaient de terre, mêlées à une buée intense qui formait une espèce de nuage au-dessus des rivières.

Une brise rafraîchissante faisait trembler les feuilles emperlées de rosée.

Les grands oiseaux de proie commençaient leurs larges vols circulaires au plus haut des airs, tandis que les oiseaux chanteurs, blottis sous les frondaisons, chantaient à plein gosier un hymne matinal au Créateur.

On apercevait de mystérieuses ondulations dans les hautes herbes sur le passage précipité des fauves regagnant leurs postes en toute hâte.

À l’extrême limite de l’horizon, un peu sur la droite, on apercevait un groupe presque indistinct de cavaliers ; tandis que, sur la gauche, mais beaucoup plus rapprochée, on voyait une troupe nombreuse de cavaliers bien montés et portant le costume mexicain, se dirigeant à toute bride vers le camp, qu’ils ne devaient pas tarder à atteindre.

En ce moment, le Mayor et Navaja se levèrent, et, fatigués d’une longue et laborieuse veille, sortirent sur le seuil du jacal pour respirer l’air frais et bienfaisant du matin.

— Eh ! dit tout à coup Navaja en étendant le bras dans