Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/212

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— Voici votre affaire, dit Julian en décachetant le paquet et lui remettant les chèques.

Navaja les prit et jeta les yeux dessus.

— Oh ! fit-il.

— Quoi donc ? demanda Julian.

— Don Cristoval de Cardenas a fait une erreur.

— Ce n’est pas possible, donc Cristoval ne commet jamais d’erreur.

— Voyez, cependant, monsieur, il y a cinq mille onces au lieu de quatre mille.

— Il n’en fait jamais d’autres ; je m’en doutais.

— Mais, monsieur, il me semble…

— Croyez-moi, cher monsieur, serrez vos chèques ; don Cristoval sait parfaitement ce qu’il fait. Que voulez-vous, ajouta-t-il en riant, il faut en prendre votre parti : si je les lui renvoyais, il serait capable de mettre six mille cette fois. On n’a jamais le dernier mot avec lui.

— S’il en est ainsi, je suivrai votre conseil, monsieur, dit Navaja gaiement, car ce serait à n’en plus finir.

— Oui, c’est le meilleur parti que vous puissiez prendre, dit Julian sur le même ton.

Les deux hommes se levèrent alors.

Navaja prit congé et quitta le cabinet, reconduit jusqu’à la porte par Julian.

Au même instant, Bernardo parut.

— J’ai tout entendu, dit-il.

— Eh bien, que t’en semble ? Crois-tu le Mayor vivant ?

— Oui, certes. Pour tuer cet homme et être bien sûr qu’il soit mort, il faudra le couper en quatre.

— En effet, ce serait un excellent moyen. Surtout, pas un mot à personne à ce sujet.

— Sois tranquille.

— Que penses-tu de Navaja ?

— C’est un homme précieux, et sur lequel on peut compter : peut-être aurons-nous besoin de lui un jour.

— Au fait, c’est possible ; aussi je garderai précieusement les renseignements qu’il m’a donnés.

— Tu feras bien.