Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/245

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de s’apercevoir de ces changements opérés à l’intérieur seulement.

— Craignez-vous quelque chose ? demanda Julian au capitaine.

— Non, rien de particulier jusqu’à présent ; mais si nous devons être attaqués, ce ne peut être que dans les débouquements ou aux environs de la Havane. Ce ne sont au reste, que des mesures de prudence.

— Bien, répondit Julian en lui serrant la main.

Depuis trois jours, la Belle-Adèle avait quitté la Nouvelle-Orléans ; lorsqu’un matin, à la fin du déjeuner, le capitaine, qui prenait ses repas avec ses passagers — ceux-ci avaient insisté pour qu’il en fût ainsi pendant toute la traversée dès leur arrivée à bord à Gueymas, — le capitaine, disons-nous, présenta une lettre à Julian.

— Qu’est-ce que cette lettre demanda l’ancien chasseur avec surprise.

— Je l’ignore ; elle m’a été confiée, avec la recommandation expresse de ne vous la remettre que lorsque la Belle-Adèle, après avoir définitivement abandonné les côtes américaines, mettrait enfin le cap sur le Havre. Depuis trois jours ces conditions sont enfin remplies, puisque maintenant nous ne laisserons plus tomber l’ancre que dans des eaux françaises.

— De qui est cette lettre ?

— Il m’est défendu de vous le dire ; mais ouvrez-la, et probablement la signature vous instruira de ce que vous voulez savoir.

Julian regarda sa femme ; elle souriait.

— C’est juste, reprit-il.

Et il ouvrit la lettre.

Elle était écrite en espagnol et signée don Cristoval de Cardenas.

Julian la lut bas d’abord, mais avec une vive émotion.

— Eh bien ? lui demanda Denizà, avec curiosité.

— Elle est de don Cristoval de Cardenas.

— Que nous dit-il ?