Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/302

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Après quelques minutes, Fil-en-Quatre voyant que son compagnon s’obstinait à ne pas lui parler, et que ce silence commençait sans doute à fatiguer, jugea à propos de reprendre la parole par cette question :

— Où que tu vas, ma vieille ?

— Je rentre dans mon garni tout en haut de la Chaussée du Maine, près du marché de Montrouge, répondit nonchalamment le Loupeur.

— Comme ça s’trouve, s’écria joyeusement Fil-en-Quatre ; moi, j’vas rue d’Vanves chez la Limace, la largue à Fafiot, ousque j’niche pour le quart d’heure ; nous f’rons route ensemble ?

— Comme tu voudras, reprit le Loupeur avec indifférence.

Cependant, tout en marchant, le chef de l’armée roulante réfléchissait.

Ses soupçons étaient éveillés.

Il ne supposa pas un instant que Fil-en-Quatre eût voulu l’assassiner.

Seulement il avait probablement servi d’instrument inconscient à une vengeance particulière ; cela était évident pour le Loupeur, mais quel était cet ennemi qui avait essayé de le faire tuer ?

Voilà ce qu’il voulait savoir.

Il fit donc doucement causer Fil-en-Quatre, qui ne demandait pas mieux et ne fit aucune difficulté pour lui raconter toute l’affaire.

Voici en quelques mots ce qui s’était passé.

Dès que le Loupeur avait été parti, Felitz Oyandi, épouvanté avec raison d’apprendre que son nom et probablement son histoire étaient connus du bandit, avait envoyé en toute hâte un domestique demander à Caboulot, dans le souterrain où il se tenait, un homme sûr et sans scrupule d’aucune sorte.

Caboulot avait Fil-en-Quatre sous la main ; il l’expédia.

Felitz Oyandi avait vu le Loupeur entrer chez un marchand de vins ; il dressa son plan en conséquence.