Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/314

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le mirent tout de suite au courant de ce qui s’était passé.

Le docteur approuva hautement la conduite sage et délicate de sa fille ; il félicita chaleureusement Bernard de sa nouvelle fortune, et surtout de son mariage avec Mariette, pour laquelle il éprouvait une affection véritablement paternelle.

Sur ces entrefaites, un très bel hôtel mitoyen de l’hôtel d’Hérigoyen fut mis en vente par suite du décès de son propriétaire.

Julian, sans en parler à personne, pas même à sa femme, se rendit acquéreur de cet hôtel.

Il y mit aussitôt un monde d’ouvriers et en changea toutes les dispositions intérieures, dont il ne paraissait pas satisfait.

Ces travaux terminés, il fit meubler cet hôtel avec un grand luxe, et surtout avec le plus grand confort.

Cela fait, il acheta dix chevaux carrossiers, six chevaux de selle magnifiques, plusieurs voitures de différentes formes, engagea des domestiques en grand nombre ; puis en dernier lieu, il fit percer une porte de communication dans le mur mitoyen des deux hôtels.

Cette dernière mesure excita au plus haut point la curiosité de madame d’Hérigoyen.

Tous ces mystères l’intriguaient fort ; plusieurs fois elle avait été sur le point d’interroger son mari ; mais chaque fois, elle avait aperçu sur ses lèvres un sourire d’une expression si singulière que toujours elle s’était arrêtée au moment d’ouvrir la bouche.

La jeune femme s’était alors tournée vers son beau-père.

Mais celui-ci, d’une seule phrase, avait coupé court à toutes les questions de sa fille.

— Chère enfant, lui avait-il répondu, je ne connais pas le premier mot de cette affaire et je ne m’en inquiète pas le moins du monde, convaincu que tout ce que fait Julian, il a d’excellentes raisons pour le faire.

La jolie curieuse, ainsi repoussée de tous les côtés, s’était mordu les lèvres et avait boudé.