Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/375

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— Tant mieux, répondit le Mayor, ouvrez-moi alors.

— Voici, répondit l’autre en touchant un ressort invisible.

Les deux herses s’abîmèrent aussitôt sans produire le moindre bruit, et disparurent sous le sol comme ces décors de féeries, disposés pour les changements à vue.

Le Mayor passa et rejoignit l’homme à la lanterne, qui allait un peu en avant et lui servait de guide dans cet inextricable dédale.

Enfin, après dix minutes de tours et détours, les deux hommes pénétrèrent dans une pièce que nous ne décrirons pas, par la raison toute simple que cette pièce était le cabinet où, la nuit précédente, ce bon M. Romieux avait reçu le Loupeur.

L’homme à la lanterne, le lecteur l’a deviné, était M. Romieux.

Le seul changement qu’on remarquât dans le cabinet consistait en ceci : que les fenêtres, si complètement calfeutrées pendant la nuit, n’avaient plus leurs volets et laissaient par conséquent pénétrer les rayons du soleil tamisés par d’épais rideaux de laine.

— Bonjour. Est-ce que vous sortez, Oyandi ? demanda le Mayor en se laissant tomber sur le canapé de crin : vous voilà tout de noir habillé comme un notaire qui va faire un testament.

— Non, Mayor ; je ne sors pas, je rentre.

— Comment ! à cette heure ? Où diable êtes-vous allé ?

— Au rond-point des Champs-Élysées, où m’attendait un drôle que j’espérais ne pas y rencontrer, et auquel j’ai remis un chèque de quatre cent mille francs.

— Et que, sans doute, il a accepté avec reconnaissance ?

— Pas le moins du monde ; il ne m’a même pas dit merci.

— Diable ! une si belle somme valait au moins un remerciement.

— Non ; c’était une affaire.