Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Je me trompe beaucoup, disait tout en marchant le Canadien à son ami, ou je suis certain que nous allons apprendre du nouveau sur le Visage-de-Singe.

— Vous croyez ?

— Je le parierais : je suis convaincu que le drôle joue un double jeu ; qu’il nous trompe tous à son profit.

— Je n’ai pas grande confiance en lui, mais cependant je ne puis croire qu’il porte aussi loin l’effronterie.

— Nous saurons bientôt à quoi nous en tenir. Dans tous les cas, promettez-moi une chose.

— Laquelle ?

— C’est que je parlerai seul : mieux que vous je sais de quelle façon il faut agir avec les Visages-Pâles de l’Ouest.

— Soit, répondit le Cerf-Noir, vous agirez à votre guise.

Cinq minutes plus tard, ils arrivèrent à la colonie. Nous avons rapporté dans le chapitre précédent de quelle façon ils furent reçus, et ce qui se passa entre eux et le capitaine Watt.

Cette coutume de déclarer la guerre à leurs ennemis, qu’ont les Indiens que l’on est habitué en Europe à considérer comme des sauvages stupides, peut sembler extraordinaire ; mais il ne faut pas s’y tromper : les Peaux-Rouges ont le caractère éminemment chevaleresque, et jamais, à moins qu’il ne s’agisse d’une razzia, c’est-à-dire d’un vol de chevaux ou d’un enlèvement de troupeaux, ils n’attaqueront un ennemi sans l’avoir prévenu, afin qu’il se tienne sur ses gardes.