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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

abaisser le pont-levis et s’élança intrépidement au-dehors.

Alors les ennemis se joignirent à l’arme blanche et s’attaquèrent corps à corps.

La mêlée devint terrible ; blancs et Peaux-Rouges, enlacés comme des serpents, ivres de rage et aveuglés par la haine, cherchaient mutuellement à se poignarder.

Tout à coup une lueur immense éclaira cette scène de carnage et des cris de terreur s’élevèrent de la colonie.

Le capitaine détourna la tête, il poussa un cri de désespoir à l’aspect du spectacle horrible qui s’offrit à ses yeux épouvantés.

La tour et les principaux bâtiments brûlaient ; à la clarté des flammes on voyait les Indiens bondir comme des démons à la poursuite des défenseurs de la colonie qui, groupés çà et là, essayaient encore une résistance désormais impossible.

Voici ce qui était arrivé.

Pendant que le Cerf-Noir, le Renard-Bleu et les autres principaux chefs pawnées tentaient une attaque de front sur la colonie, Tranquille, suivi de Quoniam et d’une cinquantaine de guerriers sur lesquels il pouvait compter, était monté dans des pirogues en peau de bison, avait silencieusement descendu le fleuve, et il était venu débarquer à la colonie même sans que l’éveil fût donné, par la raison toute simple que les Américains ne pouvaient en aucune façon redouter une surprise du côté du Missouri.

Cependant nous devons rendre cette justice au capitaine, de constater qu’il n’avait pas laissé ce