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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

ses calzoneras de velours violet ouvertes au-dessus du genou et garnies d’une profusion de boutons d’or ciselé laissaient voir sa jambe fine et nerveuse élégamment emprisonnée dans des bas de soie perle ; sa manga jetée sur son épaule était bordée d’un large galon d’or, une ceinture de crêpe de Chine blanc serrait ses hanches et soutenait une paire de pistolets et un machette sans fourreau, à la lame large et brillante, passé dans un anneau d’acier bruni ; un rifle américain garni d’ornements en argent était retenu à son épaule par une bandoulière.

Il y avait dans la personne de cet homme, si jeune encore, une attraction tellement puissante, une force dominatrice tellement étrange qu’on ne pouvait le voir sans l’aimer ou le haïr, tant était profonde l’impression qu’à son insu il produisait sur tous ceux, sans exception, avec lesquels le hasard le mettait en rapport.

Nul ne savait qui était cet homme ni d’où il venait, son nom même était inconnu, puisqu’on avait été contraint de lui donner un surnom, auquel, du reste, il répondait sans en paraître blessé.

Quant à son caractère, les scènes qui vont suivre le feront suffisamment connaître pour que nous soyons, quant à présent, dispensé d’entrer dans de plus longs détails.