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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

avec du pennekann et quelques camotes bouillies.

Ces deux hommes étaient Tranquille le Canadien, et son ami Quoniam le nègre.

À cinquante pas d’eux environ, dans un fourré de lierres et de broussailles, un jeune poulain de deux mois était attaché au pied d’un catalpa gigantesque.

Le pauvre animal, après avoir fait de vains efforts pour rompre le lien qui le retenait, avait fini par reconnaître l’inutilité de ses tentatives et s’était tristement étendu sur le sol.

Les deux hommes que nous avons quittés jeunes à la fin de notre prologue étaient maintenant parvenus à la seconde moitié de la vie. Bien que l’âge n’eût eu que peu de prise sur leurs corps de fer, cependant quelques cheveux blancs commençaient à argenter la chevelure du chasseur et des rides hâtives sillonnaient çà et là son visage bruni par les intempéries des saisons.

Cependant, à part ces légères marques qui servent comme de cachet à l’âge mûr, rien ne dénotait chez le Canadien un affaiblissement quelconque ; au contraire, son œil était toujours aussi vif, son corps aussi droit et ses membres aussi musculeux.

Quant au nègre, rien en apparence n’était changé dans son individu, il semblait être toujours aussi jeune ; seulement il avait pris assez d’embonpoint, et était de svelte devenu replet, sans cependant rien perdre de sa légèreté sans égale.

L’endroit où se trouvaient campés les deux coureurs des bois était certes un des plus pittoresques de la prairie.

Le vent de minuit avait nettoyé le ciel, dont la