Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

chez lui en ce moment, trois sentiments se disputent, la faim, la soif et la peur ; la peur sera la plus faible, soyez-en certain, ce n’est qu’une question de temps.

— Je m’en aperçois ; voilà depuis près de quatre heures que nous faisons ainsi le pied de grue.

— Patience, le plus fort est fait, nous ne tarderons pas, j’en suis sûr, à avoir de ses nouvelles.

— Dieu vous entende, car je meurs de froid ; est il gros au moins ?

— Oui, ses brisées sont larges, mais je me trompe fort, où il est accouplé.

— Vous croyez ?

— Je le parierais presque ; il est impossible qu’un seul jaguar commette autant de dégâts en moins de huit jours ; il paraît, d’après ce que m’a affirmé don Hilario, que près de dix têtes de ganado ont disparu.

— Oh ! alors, s’écria Quoniam en se frottant joyeusement les mains, nous allons avoir une belle chasse, il est évident qu’il y a une portée.

— C’est ce que j’ai supposé, il faut qu’ils aient des petits pour s’approcher autant des haciendas.

En ce moment un rauque mugissement, ressemblant un peu au miaulement traînard du chat, troubla le silence profond du désert.

— Voilà son premier cri d’appel, dit Quoniam.

— Il est encore loin.

— Oh ! il ne tardera pas à se rapprocher.

— Pas encore, ce n’est pas à nous qu’il en veut en ce moment.

— Hum ! et à qui donc ?

— Écoutez.

Un cri semblable au premier, mais venant d’un